L'Unità, domenica 6 dicembre 2009


Haidar nella terra di nessuno




Militante saharawi espulsa verso le Canarie, da 20 giorni in aeroporto rifiuta il cibo Tensione tra Spagna e Marocco, venerdì scorso negata l’autorizzazione per il rimpatrio

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Rabat le vieta di tornare a casa Aminatou Haidar, attivista saharawi, da settimane è in sciopero della fame nella terra di nessuno dell’aeroporto di Lanzarote, alle Canarie. Il Marocco le ha ritirato il passaporto e lei non può tornare a casa.
MARINA MASTROLUCA


Non mangia da venti giorni Aminatou Haidar, una donna sottile, che da sempre combatte per difendere il diritto ad esistere del popolo saharawi. In questa terra di nessuno che è diventato per lei l’aeroporto di Lanzarote, fa lo sciopero della fame per protesta. Contro il Marocco che le nega il diritto di andare a casa e che per questo le ha ritirato il passaporto: il 13 novembre scorso al suo ingresso nel Paese, di ritorno dagli Stati Uniti, sul modulodoganale aveva scritto «saharawi» sotto la voce nazionalità, una «provocazione» innaccettabile per Rabat. Per questo l’hanno cacciata, impedendole di tornare ad El Ayoun, dove vivono i suoi due figli, nel Sahara occidentale. Da allora Aminatou protesta. Contro il Marocco, certo. Ma anche contro la Spagna che ha permesso che la sua espulsione andasse a buon fine, accettando che sbarcasse all’aeroporto di Lanzarote, nelle Canarie, senza uno straccio di documento. Complicità, così la chiama la leader saharawi.
Per Madrid la stessa permanenza di Aminatou Haidar all’aeroporto di Lanzarote è una ragione di imbarazzo. In queste settimane il governo Zapatero le ha offerto asilo politico e persino la cittadinanza, documenti che le consentirebbero di andare dove vuole: ovunque, ma non a casa.
Lei ha rifiutato. Venerdì scorso è sembrato che l’incantesimo maligno che ha preso in trappola Aminatou - una vita vissuta
tra carcere, torture, violenze - potesse spezzarsi grazie ad un accordo tra Madrid e Rabat, a chiusura di settimane di tensione. Ma l’aereo ambulanza spagnolo che avrebbe dovuto riportare Haidar ad El Ayoun, è stato bloccato a terra all’ultimo minuto per il dietro front delle autorità marocchine. Aminatou è tornata al suo materassino nell’aeroporto di Lanzarote dove in queste settimane l’hanno visitata scrittori e politici, premi Nobel e attivisti per i diritti umani. Il governo spagnolo ha chiesto per leiuna nuova autorizzazione,
ma anche questa è stata respinta.
E Aminatou, sempre più sofferente, aspetta. Come i saharawi, da oltre trent’anni.




Maroc : Haidar est en "danger"

Le Figaro, 06/12/2009


La militante pro-Polisario Aminatou Haidar est en "danger" alors qu'elle mène son 21e jour de grève de la faim pour pouvoir retourner chez elle au Sahara Occidental, ce que le Maroc refuse, a déclaré aujourd'hui un de ses proches.


"Elle traverse un moment risqué. Le danger vient de ce que sa force mentale la fait paraître mieux qu'elle n'est réellement. Elle souffre de vertiges, de pertes de vision. Elle a passé une mauvaise nuit, avec des douleurs", a déclaré à des journalistes
Fernando Peraita, porte-parole de la plate-forme de soutien à Aminatou Haidar.
Le Maroc a refusé une nouvelle fois hier d'autoriser le retour au Sahara occidental de la militante Aminatou Haidar, suscitant l'irritation de Madrid qui cherche une solution au problème.
Elle a été expulsée le 14 novembre du Sahara occidental par les autorités marocaines, qu'elle accuse de lui avoir retiré son passeport marocain, et observe depuis le 16 novembre une grève de la faim à Lanzarote.


Haidar: Madrid s'irrite du rejet marocain


Le Figaro, 05/12/2009


Le Maroc a refusé une nouvelle fois aujourd'hui d'autoriser le retour au Sahara occidental de la militante Aminatou Haidar, en grève de la faim en Espagne, suscitant l'irritation de Madrid alors que l'affaire prend des allures de crise diplomatique.


L'Espagne "déplore profondément" cette décision "contraire au droit international", a déclaré à l'aéroport de Lanzarote (Canaries) Augustin Santos, chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos.
Le Maroc avait une première fois interdit vendredi à la militante sahraouie de rentrer par avion à Laâyoune, chef-lieu du Sahara occidental, annulant in extremis une autorisation préalable, selon Madrid.
"Le gouvernement espagnol invite Mme Haidar à poursuivre sa lutte pour les droits de l'Homme et réitère sa proposition, si elle le juge utile à son combat, de lui accorder un statut de réfugiée ou la nationalité espagnole, jusqu'à ce qu'elle puisse retourner à Laâyoune, avec des documents marocains", a ajouté M. Santos.
Mme Haidar a déjà rejeté ces offres en arguant qu'elle ne voulait pas devenir "une étrangère dans (son) propre pays".
Elle a été expulsée le 14 novembre du Sahara occidental par les autorités marocaines, qu'elle accuse de lui avoir retiré son passeport marocain, et observe depuis le 16 novembre une grève de la faim à Lanzarote.
Selon Rabat, elle a refusé d'"accomplir les formalités habituelles de police et renié sa nationalité marocaine" à son arrivée le 13 novembre à Laâyoune.
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, a été annexé en 1975 par le Maroc qui l'administre depuis.
Rabat propose pour cette région un plan de large autonomie sous souveraineté marocaine, auquel s'oppose le Front Polisario, soutenu par Alger, qui réclame un référendum d'autodétermination.





Le sort de la Sahraouie Aminatou Haidar, en grève de la faim, crée des tensions entre l'Espagne et le Maroc


LE MONDE | 04.12.09 Madrid Correspondant


La tension commence à monter entre l'Espagne et le Maroc au sujet d'Aminatou Haidar, une militante sahraouie qui observe, depuis le 16 novembre, une grève de la faim à l'aéroport de Lanzarote, aux Canaries, en Espagne, après avoir été expulsée du Maroc.


Porte-voix des partisans de l'indépendance du Sahara occidental, cette femme de 42 ans a été arrêtée le 13 novembre à l'aéroport d'El-Ayoun, chef-lieu du Sahara occidental, à son retour d'un voyage à New York où elle a reçu, pour son action en faveur des droits de l'homme, le prestigieux Prix du courage civique de la Train Fundation. Sur sa fiche d'entrée, l'activiste avait inscrit qu'elle était résidente au Sahara occidental. La provocation a été interprétée comme "un déni de sa nationalité marocaine" par les autorités du royaume chérifien qui lui ont confisqué son passeport avant de la placer dans un avion à destination des Canaries.
Dépourvue de document d'identité, Aminatou Haidar est bloquée à Lanzarote ; sa situation ressemble de plus en plus à une impasse diplomatique pour Madrid. Plusieurs initiatives du ministère des affaires étrangères ont été rejetées, tant par l'activiste et son entourage que par Rabat. Mme Haidar a ainsi refusé un statut de réfugiée politique, et même la citoyenneté espagnole que le gouvernement a proposé de lui accorder "à titre exceptionnel". La militante proche du Front Polisario a jugé la proposition "triste et inacceptable", estimant qu'elle faisait le jeu des autorités marocaines.
Celles-ci ont opposé une sèche fin de non-recevoir aux demandes de Madrid - d'abord informelles, puis, depuis jeudi 3 décembre, par "note verbale" - de remettre un document d'identité à Mme Haidar "afin qu'elle puisse voyager".
Pour le ministre marocain des affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri, l'activiste s'est mise elle-même dans cette situation : "Elle doit assumer seule les conséquences juridiques et morales de son comportement." Le consul du Maroc aux Canaries a assuré que Mme Haidar recevrait son passeport "dans la demi-heure" si elle "demandait pardon au roi de Maroc".
Face à l'intransigeance de Rabat, l'Espagne a sollicité la médiation du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon. Les Espagnols espèrent aussi le soutien dans ce dossier des Etats-Unis, qui se sont déclarés "préoccupés" par l'état de santé d'Aminatou Haidar après vingt jours de grève de la faim. La militante indépendantiste, qui fut lauréate du prix Robert-Kennedy pour les droits de l'homme en 2008, connaît des problèmes de santé après des séjours dans les prisons marocaines, de 1987 à 1991, puis en 2005. Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est administré par le Maroc depuis 1975. Rabat n'est officiellement pas opposé à accorder une large autonomie à ses "provinces du Sud", mais le Front Polisario, soutenu par Alger, réclame un référendum d'autodétermination. Madrid a rappelé sa position en faveur d'une solution "juste et acceptable pour toutes les parties" qui respecte "le droit à la libre détermination du peuple du Sahara occidental."
Début novembre, pour le 34e anniversaire de la Marche verte commémorant l'annexion du Sahara occidental, le roi Mohammed VI avait appelé à la fermeté "contre les adversaires de l'intégrité territoriale du Maroc", à savoir les activistes du Front Polisario et leurs sympathisants. "L'heure est à la clarté : ou on est patriote ou on est traître", avait-il menacé dans un discours radiotélévisé.

Jean-Jacques Bozonnet



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